Clara Morgane


Dans de nombreuses traditions, allumer les bougies est un acte sacré qui exprime plus que ce que les mots peuvent exprimer. Il s'agit d'être remerciant. Depuis des temps immémoriaux,on allume des bougies dans des lieux sacrés. Pourquoi le cyberespace ne devrait-il pas être sacré?

Clara Morgane


Peut-être que vous voudrez commencer ou terminer votre journée par le rite sacré d'allumer une bougie sur ce site; ou bien vous pourrez vouloir allumer une bougie d'anniversaire pour un ami. Un simple mot pour vous guider est nécessaire. Ralentissez et faites-le avec toute votre attention. A partir de maintenant vous serez guidé pas à pas.

Bougie

La bougie est un objet servant en général à éclairer, composé d'un corps gras et d’une mèche enflammée. Elle a été inventée au milieu du Moyen Âge. Son « ancêtre » est la chandelle qui remonte au moins au début du IIIe millénaire av. J.-C..

Durant des siècles, le jonc a été utilisé pour faire des chandelles. Fendu avec précaution pour ne pas en abimer la moelle, il était trempé dans de la graisse végétale ou animale qu'on laissait ensuite durcir. On le faisait brûler dans des brûle-joncs. En Occident, à partir du Moyen Âge la chandelle rivalise avec la lampe à huile. Cette dernière a l'inconvénient de réclamer une attention constante : il faut la remplir régulièrement, couper et remonter la mèche qui charbonne, nettoyer l'huile qui coule. La chandelle, seulement constituée d'une mèche entourée de suif de bœuf ou de mouton, est plus pratique sans être excessivement chère (mais elle est taxée et l'huile reste plus économique). Moins de liquide qui se renverse, de flamme à ajuster, de réservoir à remplir. Mais le suif coule et graisse les doigts, la flamme demeure jaune et fumeuse, il faut toujours entretenir la mèche qui finit par charbonner.

La noblesse et le clergé s'éclairaient avec des cierges en cire d'abeille et laissaient au peuple l'éclairage au suif. Le cierge de cire conserve les avantages de la chandelle et en élimine les défauts. Mais son prix en limite la diffusion aux plus hautes sphères de la société.

Le mot « bougie » n'est apparu dans la langue française qu'au xive siècle, tiré de Bugaya transcription en arabe du mot Kabyle Bgayet, nom d'une ville maritime d'Algérie en Kabylie (actuellement Béjaia) qui fournissait une grande quantité de cire pour la fabrication des chandelles. La bougie comme telle fut développée au milieu du xixe siècle et se distingue de la chandelle par sa matière première et par l'utilisation de mèches de coton tressé. Le tressage permet à la mèche de se courber et de se consumer : inutile alors de la moucher. La misérable chandelle commence alors à disparaître.

Dès le xive siècle en France, il existait une corporation des chandeliers-ciriers-huiliers rangée sous la bannière de Saint-Nicolas. Les principales opérations du métier consistaient à clarifier le suif et la cire, à couper et à ajuster les mèches de deux fils de coton et d’un fil de chanvre, à les attacher par rangées à une baguette, à les plonger et à les replonger, jusqu’à ce qu’elles aient acquis la grosseur et le poids convenable, dans le vase qui contient le suif ou la cire en fusion. Cette corporation était très réglementée pour éviter les falsifications : il était notamment interdit de mêler la vieille cire avec la nouvelle, le suif de mouton avec le suif de vache, et de mettre, aux mèches, plus d’étoupe que de coton.

En 1783, le chimiste suédois Carl Scheele (1742-1786) avait, dans le cadre de ses recherches sur le savon, fait bouillir de l'huile d'olive avec de l'oxyde de plomb et obtenu une substance au goût sucré qu'il avait appelée Ölsüss et que l'on connaît maintenant sous le nom de glycérine. En 1823, le chimiste français Michel-Eugène Chevreul (1786-1889), poussé par cette découverte, découvrit que ce ne sont pas les corps gras qui se combinent avec l'alcali pour former le savon, mais qu'ils sont d'abord décomposés en acides gras et en glycérine (ou glycérol). Chevreul est ainsi à l'origine de la théorie de la saponification. Ses études chimiques le conduisent à inventer la bougie stéarique (à base d'un acide gras particulier : l'acide stéarique) -notre bougie actuelle- qui remplace définitivement en 1825 la chandelle de suif.

Ces deux éléments seront à la base d'une industrialisation massive de la bougie et du savon. Désormais, savonniers et ciriers appartiennent à la même corporation, dont Nantes devient la capitale. Aujourd'hui encore, 80 % de la production française de bougies provient de la région nantaise.

L'apparition de la paraffine solide (distillat du pétrole) et de la stéarine (extrait de graisse animale et végétale) permet désormais la production de bougies de meilleure qualité.

Le Carnaval de Rome se clôturait jadis par une grandiose bataille de bougies via del Corso. Le jeu consistait à porter une bougie allumée, appelée en italien moccolo, et éteindre celles des autres. Il y avait des milliers de participants à cette joyeuse festivité de nuit où on s'apostrophait avec vigueur.

Fonctionnement

Le principe du fonctionnement de la bougie repose sur un phénomène d'auto-alimentation.

Une bougie est constituée d’un bloc de stéarine enrobé de paraffine dont le centre est traversé par une mèche, en fil de coton tressé imbibée d'acide borique.

Lorsque l’on allume la bougie, l’air surchauffé fait fondre la stéarine à proximité. La stéarine fondue monte le long de la mèche par capillarité où elle se vaporise et se décompose en un gaz combustible au contact de la flamme. Ce gaz combustible, en s'oxydant rapidement dans l'oxygène de l'air, entretient la flamme qui fait fondre la stéarine et la paraffine, entretenant ainsi le processus.

La paraffine, étant moins fusible que la stéarine, fond plus lentement, permettant la formation d'une coupelle au centre de laquelle se trouve la mèche. Ainsi, la bougie « coule » moins que les chandelles ou les cierges, ce qui permet une plus longue durée d'utilisation pour une quantité de matière donnée. Certains fabricants ménagent des cheminées dans le bloc de stéarine sur toute la longueur de la bougie, permettant ainsi à la stéarine fondue en excès de couler vers l'intérieur augmentant encore la durée d'utilisation.

La mèche d'une bougie est constituée d'une tresse de fils de coton qui se courbe vers le bas lors de sa combustion. L'extrémité de la mèche se trouve dès lors placée dans une partie extrêmement chaude de la flamme où elle est réduite en cendre. L'acide borique qui imbibe la tresse sert de fondant et la cendre de la mèche se liquéfie et tombe dans la stéarine fondue. Avec les mèches tressées et imbibées, l'éclairage à la bougie est devenu automatique, permettant plusieurs heures d'éclairage sans aucune manipulation.

En partant de la mèche, en allant vers le haut, la flamme d'une bougie comporte trois parties distinctes. Juste au-dessus de la mèche, se trouve une zone sombre qui correspond à l'échappement des gaz combustibles. Elle est suivie d'une zone bleue étroite dans laquelle les gaz combustibles entrent en contact avec l'oxygène de l'air et où se produit la combustion, la température de cette zone est d'environ 1 200 °C. Cette combustion est incomplète et laisse dans la troisième zone un résidu de particules de carbone qui sont chauffées à blanc (1 500 °C) par la combustion. C'est cette partie de la flamme qui est la partie éclairante d'une bougie. À mesure que les gaz et les particules s'élèvent vers le haut dans la flamme, leur température baisse et la couleur vire à l'orange et au rouge. Une bougie produit par principe des suies.

Une bougie s'éteint lorsque l'on souffle sur sa flamme car la quantité de comburant (l'air) se retrouve brusquement en excès par rapport à la quantité de combustible (la cire) ce qui stoppe instantanément sa combustion. Dans une chambre de combustion, on retrouve également ce terme de "flamme soufflée" lorsque le mélange carburant-air est trop pauvre. L'odeur de bougie que l'on perçoit à l'extinction d'une bougie est celle des gaz combustibles qui continuent de s'échapper de la mèche tant qu'elle reste suffisamment chaude pour fondre la stéarine.

Usage aujourd'hui

La bougie constitue toujours une source de lumière de dépannage, mais ses utilisations ordinaires ne sont plus de l'ordre de l'utilitaire.

Elle symbolise les années écoulées sur les gâteaux d'anniversaire ou sert de décoration des sapins de Noël (avec des risques importants d'incendie d'où son remplacement par des bougies électriques qui imitent les vraies).

Elle crée aussi l'intimité lors d'un dîner aux chandelles, au restaurant ou chez soi, à moins qu'elle ne se multiplie sur les lustres et les chandeliers dans des reconstitutions historiques parfois approximatives ou des réceptions.

L'emploi des bougies est toujours de mise dans les rituels religieux (on parle alors de cierge) comme le cierge pascal chrétien et participe à l'éclairage des cérémonies. La piété catholique est également toujours utilisatrice des bougies allumées en accompagnement d'une prière, tout particulièrement quand elle est adressée à la Vierge Marie ou à des saints : le geste de faire brûler un cierge en remerciement perdure très largement.

La bougie est aussi utilisée dans d'autres religions ou apparentés, telle la Wicca. Les bougies auraient plusieurs propriétés dites magiques selon leur couleur, leur odeur et leur forme.

La bougie peut être utilisée pour parfumer un lieu.

Autres usages : bougie auriculaire ou bougie d'oreille.

Sources pertinentes :